Le harcèlement scolaire reste une problématique majeure au sein des établissements, dès l’école primaire. En tant qu’enseignants, nous sommes souvent les premiers témoins – directs ou indirects – de signes d’isolement, de tensions ou de violences répétées. Comprendre ce qu’est le harcèlement scolaire, savoir en repérer les signes, et connaître les démarches à suivre est aujourd’hui indispensable. Cet article propose des repères concrets et des outils alignés avec le protocole pHARe de l’Éducation nationale.
1. Harcèlement scolaire : de quoi parle-t-on exactement ?
Le harcèlement scolaire désigne des faits répétés, intentionnels, visant à nuire à un élève. Il peut être :
- Verbal (insultes, moqueries, menaces),
- Physique (coups, bousculades, crachats…),
- Psychologique (mise à l’écart, isolement, rumeurs),
- Numérique (messages agressifs, vidéos humiliantes, harcèlement sur réseaux sociaux).
Le caractère répétitif et la relation de domination sont les deux éléments clés. Il ne s’agit pas d’un conflit ponctuel mais d’un processus destructeur, souvent invisible.
2. En classe : quels signes doivent alerter l’enseignant ?
LeL’élève victime de harcèlement ne parle pas toujours. Mais certains signaux doivent éveiller l’attention :
- Évitement ou rejet d’un camarade par un groupe.
- Isolement progressif dans la cour, au sein du groupe classe, ou lors des activités.
- Changement de comportement : agitation inhabituelle ou retrait marqué.
- Plaintes somatiques fréquentes (maux de ventre, fatigue, nausées).
- Dégradation du matériel ou disparition d’affaires personnelles.
- Démotivation soudaine, baisse de participation ou résultats en chute libre.
En tant qu’enseignant, il est utile de noter les éléments observés, sans poser de diagnostic immédiat, mais en se mettant en posture de veille active.
3. Que faire si l’on suspecte une situation de harcèlement ?
Agir avec méthode, sans précipitation, est essentiel. Voici les étapes recommandées :
🗣 Écouter sans forcer
Créer un climat de confiance avec l’élève pour qu’il puisse s’exprimer, sans insister s’il ne se sent pas prêt. Parfois, un simple “Tu veux m’en parler ?” suffit à ouvrir une porte.
📋 Noter les faits
Garder trace des observations : date, heure, lieux, interactions, éventuels témoins. Cela servira de base à un signalement clair et étayé.
🤝 Travailler en équipe
Informer la direction, la référente harcèlement, ou l’équipe éducative selon les modalités définies dans l’établissement. En école primaire, le lien avec la famille est souvent incontournable.
🧠 Engager une réflexion collective
À ce stade, il peut être pertinent de croiser les regards (enseignants, AESH, ATSEM, surveillants, etc.) pour affiner l’analyse de la situation.
🧰 S’appuyer sur le programme pHARe
Mis en place par le ministère de l’Éducation nationale, ce programme prévoit :
- Des formations pour les personnels,
- Un référent harcèlement désigné dans chaque établissement,
- Un protocole de traitement des situations signalées,
- Des outils pédagogiques pour la prévention en classe.
Le pHARe devient une base d’action commune, pour ne pas agir seul ou à l’aveugle.
4. Prévenir au quotidien : la responsabilité partagée
Prévenir le harcèlement, ce n’est pas “faire une séquence de plus” mais nourrir un climat de classe serein et sécurisant. Cela passe par :
- L’apprentissage explicite du respect et de l’empathie,
- La gestion coopérative des conflits et tensions,
- Des espaces de parole réguliers,
- La valorisation de la coopération et de l’entraide.
Les élèves identifient très bien les injustices et les dominations : notre rôle est de modéliser un cadre clair, juste, et soutenant.
Conclusion
Être enseignant aujourd’hui, c’est aussi savoir repérer, écouter et orienter. Le harcèlement scolaire n’est pas toujours visible, mais il laisse des traces durables. En nous appuyant sur nos observations de terrain, en travaillant en équipe, et en utilisant les outils du programme pHARe, nous pouvons faire une vraie différence dans la vie des élèves concernés.
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Elle vous aidera à identifier les signaux d’alerte, structurer vos démarches et vous appuyer sur le protocole pHARe dans vos pratiques d’enseignant.
Pour approfondir
Vous pouvez lire l’article “Bien-être en classe : 3 leviers concrets”, complémentaire de cette réflexion.